Ce mercredi 9 janvier, le Président Stéphane Valeri , entouré de la vice-présidente Brigitte Boccone-Pagès, Balthazar Seydoux, Thomas Brezzo et José Badia (les Présidents de Commissions Permanentes), a reçu les représentants de la presse afin de leur présenter les voeux du Conseil National.

Retrouvez, ci-dessous, l’intervention de Stéphane Valeri prononcée à cette occasion :

 » Merci d’être là ce matin pour les vœux du Conseil national à notre presse monégasque. Je commencerais par un peu d’humour en disant que certains se dépêchent d’offrir leurs meilleurs vœux en janvier pour avoir le temps de ne pas les réaliser durant les onze autres mois !

Cela n’est pas le cas ici, au Conseil National pour ce qui vous concerne, mesdames et messieurs les représentants des médias, car les vœux que je forme pour votre profession sont non seulement sincères, mais me semblent décisifs pour l’avenir.

Je crois en effet à une presse pluraliste en Principauté.
Vous êtes indispensables à une information diversifiée et équilibrée.
Et en matière de médias, nous sommes une exception, compte tenu de notre taille.

En effet, quelle autre agglomération de notre taille peut s’enorgueillir d’avoir autant de médias diversifiés ?

Sans vouloir être exhaustif, je vous rappeler que nous disposons d’un quotidien de large diffusion, (Monaco-Matin), d’un hebdomadaire, (Monaco Hebdo), de trois mensuels généralistes : (L’Observateur de Monaco, La Principauté, La Gazette de Monaco), de périodiques thématiques : (Monaco Economie, Code Sport, Monaco Monsieur…), de supports de la presse italienne comme « www.montecarloin.net », allemande, russophone et bien sûr anglophone avec «MonacoLife ». Nous pouvons écouter des radios en plusieurs langues dont Radio Monaco ici présent ce matin. Et puis il y a les nombreux développements numériques qui prennent forme ici et là.

Je suis bien conscient que ce pluralisme pourrait être menacé pour différentes raisons dont la question du financement qui reste évidemment cruciale. Croyez bien que sur ce point aussi, vous trouverez le Conseil National à vos côtés.

La pérennité de vos supports de presse est plus généralement indispensable, pour que chacun puisse être justement informé de ce qui se passe dans son propre pays, pour que les opinions de tous soient librement exprimées, enfin pour que votre liberté de commentaire ne soit pas entravée.

Oui, je tiens, avec amitié, à vous dire à quel point je suis, nous sommes attachés, au libre exercice d’une presse mature et responsable, adaptée aux réalités de notre pays et aux nouvelles formes de communication.
Vous connaissez mon entrain à vouloir transmettre nos informations, nos points de vue.

Soyez pourtant certains que jamais je n’appellerai de mes vœux une presse inodore et toujours positive… Je ne suis pas de ceux qui, comme Balzac qui en voulait aux critiques disait, je cite « Si la presse n’existait pas, il ne faudrait pas l’inventer »

Une presse libre doit l’être aussi financièrement, et nous comprenons que compte tenu du bassin d’audience, il est du devoir du pays de vous soutenir pour contribuer à garantir votre continuité économique. Concrètement, nous serons vigilants pour que le soutien historique de l’État continue et soit, si besoin renforcé, pour les différents supports de la Principauté à des niveaux au moins équivalents et répartis de manière équitable et juste entre tous.

Dans le cadre des prérogatives liées au vote de la loi de budget 2020, nous allons travailler à revaloriser l’enveloppe consacrée au soutien publicitaire dans la presse et veiller à ce qu’elle soit répartie de la manière la plus équitable entre les médias professionnels et légitimes.

Je citais à l’instant Balzac, s’il fallait une inspiration, j’irais plus volontiers la puiser dans le texte fondateur des institutions américaines, la fameuse déclaration d’Indépendance, en 1776, que Thomas Jefferson commentait en ces termes « Notre liberté dépend de la liberté de la presse qui ne saurait être limitée sans être perdue »

Le vieux débat entre médias d’information et outils de communication, relancé il y a quelques mois de manière contradictoire par le Gouvernement qui détient au sein d’une même direction l’un et l’autre, devra bien un jour être tranché, d’autant que cette même direction détient le pouvoir de soutenir financièrement, à sa discrétion, vos supports de presse.

Rappelons qu’on nous avait annoncé qu’il fallait séparer la télévision publique de la communication gouvernementale, avant de faire machine arrière. Non, Monaco ne doit pas être le dernier pays en Europe, dont les journalistes de la seule chaîne de télévision du pays (Monaco Info) sont des fonctionnaires courroies de transmission de la communication gouvernementale. Cette situation est d’autant plus regrettable que ce sont d’excellents professionnels.

Alors puisque c’est la période des vœux, je confirme notre demande de créer un media audiovisuel financé sur fonds publics, avec une rédaction indépendante.
Ces questions, dans le strict respect de nos prérogatives, nous ne les éviterons pas, et vous pouvez compter sur nous pour toujours défendre le pluralisme de l’information à Monaco.

La période des vœux c’est le moment de faire un bilan et d’ouvrir des perspectives.

En moins d’un an, nous avons remis le Conseil national au cœur des Institutions.

Nous sommes à nouveau un partenaire incontournable du Gouvernement, tel que le prévoit la Constitution. C’est parce que nous sommes viscéralement attachés à la monarchie constitutionnelle, parce que nous respectons les prérogatives de chacun… Que nous demandons que l’on respecte celles du Conseil !

Comment peut-on à la fois, se dire défenseur de nos institutions et, à la fois, s’offusquer que l’Assemblée élue, et bien élue, par les Monégasques, demande que ses prérogatives constitutionnelles soient respectées ?

J’en viens à présent au bilan de l’année qui vient de s’écouler.

Notons bien sûr en premier lieu une évolution largement positive de la politique du logement de la part du Gouvernement, que ce soit pour le secteur domanial avec 730 logements annoncés ou sur le secteur protégé avec la transformation en projet de loi de notre proposition

Sur la qualité de vie, en moins d’un an, nous avons obtenus deux arrêtés ministériels encadrant les chantiers mais aussi la mise en place d’une brigade de la circulation.

Il y a bien sûr les avancées sociales, le doublement de la prime de fin d’année des Fonctionnaires agents de l’État et de la commune, et l’augmentation de 50% de l’enveloppe budgétaire pour les bourses d’étude.

Mais comme je l’ai dit, l’avancée essentielle, c’est la prise en compte et le respect de la vraie place du Conseil, celle qui lui est dévolue par notre Constitution.

Et chaque fois que le rôle du Conseil National est respecté, c’est notre monarchie constitutionnelle qui est renforcée, car les attentes et les besoins des Monégasques et des résidents sont mieux comprises et entendues par le Gouvernement.

Quelques mots sur les perspectives 2019,

Notre première priorité sera de veiller à l’application concrète et vérifiable des engagements du Gouvernement donnés lors du budget primitif 2019.
En votant ce budget à l’unanimité, nous avons fait confiance au Gouvernement, donc c’est à lui désormais de prendre ses responsabilités.
Je pense en particulier au respect des délais pour la construction des programmes domaniaux. Nous serons vigilants pour que soient lancés au plus vite, notamment Testimonio II bis et Grand Ida.

Vigilance aussi pour l’application des arrêtés ministériels concernant la Qualité de vie, avec un bilan avant l’été et des ajustements si nécessaires, si la population ne voit pas clairement sa vie quotidienne s’améliorer.
2019, sera aussi l’année de l’ouverture des grands débats de société qui devront déboucher sur des décisions et des avancées législatives, je veux citer la dépénalisation de l’IVG, la création d’un contrat de vie commune pour permettre aux couples qui s’aiment, quelle que soit leur orientation sexuelle, de bénéficier de droits justes et modernes.

En 2019, beaucoup d’autres dossiers avanceront : la modernisation du statut de la fonction publique, la liberté de l’ouverture des commerces le dimanche dans le respect du volontariat des salariés, la meilleure prise en compte du travail de nuit pour les salariés, la création d’un fonds de retraite pour les fonctionnaires, ainsi que de nombreuses autres avancées législatives sur lesquels nous reviendrons bientôt.

Je voudrais terminer sur deux initiatives qui me tiennent à cœur et qui montrent la capacité du Conseil national à se projeter vers l’avenir au bénéfice de tout le pays.

Il y a tout d’abord, je l’ai dit lors de mon discours de motivation de vote du budget 2019, le débat fondamental sur la transmission de la nationalité monégasque. Nous ouvrirons ce débat et nous consulterons d’abord toutes les formations politiques représentées au Conseil national, toutes les associations de nationaux représentatives, avec des projections et des statistiques à l’appui. Il s’agit de pérenniser notre modèle social et économique et l’âme de notre nation. Bien entendu et comme toujours, nous ne proposerons que des avancées équilibrées et modérées, qui devront aboutir à une Loi en accord avec le Gouvernement princier.

Pour réfléchir à l’avenir du Pays, nous allons lancer une grande initiative : Monaco 2039, un thinktank de prospective économique pour la Principauté, car notre rôle au Conseil national c’est aussi d’avoir des idées pour développer nos recettes budgétaires. Cette initiative s’appuie sur la réussite d’un modèle de groupe de réflexion similaire que j’avais mis en place en 2009, avec Monaco 2029. Ce thinktank a permis par exemple de mettre en place suite à ses propositions, l’IMSEE et le CSA, et bien sûr le télétravail.
Monaco 2039, regroupera un panel de grands professionnels monégasques et internationaux, chefs d’entreprise, économistes et prospectivistes, avec des élus du Conseil national. Nous y reviendrons prochainement.

Mes vœux sont aussi pour vous, des vœux très personnels de bonheur, de santé et de réussite. Je vous souhaite à toutes et à tous une très bonne année 2019. »